Déplacements professionnels : pourquoi le train ?

Une fois n’est pas coutume, sortons des loisirs et des vacances pour parler des voyages professionnels en train car c’est un sujet qui revient de plus en plus souvent dans les discussions entre collègues ou amis.

Si la question ne se pose plus pour certains trajets comme Lyon-Marseille ou Paris-Bruxelles, les arguments sont malheureusement encore difficiles à faire valoir au-dessus de trois ou quatre heures de train car beaucoup de facteurs entrent alors en ligne de compte : prix et temps de trajet bien sûr mais de plus en plus bilan carbone, confort, fiabilité, horaires, trajet porte à porte, voyage de nuit, miles et points, etc.

Dans ce post, nous vous donnons quelques conseils et arguments à donner à votre chef pour lui expliquer pourquoi vous prendrez le train pour aller à Amsterdam, Francfort ou Zurich… et pourquoi pas Munich ou Barcelone ?

La différence de bilan carbone entre le train et l’avion (pour un trajet longue distance, un train émet entre 20 et 50 fois moins de CO2 qu’un avion selon les estimations et les pays) est parfois difficile à faire entendre car même si de plus en plus d’entreprises calculent leur bilan carbone, c’est souvent le prix qui est l’argument principal. Attaquons par là.

Le prix

Sur beaucoup de destinations, l’avion est bien moins cher que le train. Cela peut aller du simple au double ou au triple surtout pour les lignes où il y a beaucoup de vols et de concurrence mais ce n’est pas toujours le cas et il ne faut pas oublier quelques arguments :

À moins d’habiter près d’un aéroport, il faut en général ajouter le prix du taxi quand on doit partir tôt le matin et rentrer tard le soir. En transports en commun, les liaisons ville-aéroport par train rapide dépassent souvent les 20 € par trajet. Cela peut être également le cas arrivé à destination. Quand on ajoute les coûts d’acheminement au prix du billet d’avion, la différence se trouve réduite et parfois s’annule.

Les billets d’avion bon marché sont en général non échangeables et non remboursables ce qui n’est pas le cas pour la plupart des billets de train. On a donc intérêt à prendre son billet de train longtemps à l’avance même si on n’est pas sûr de voyager pour avoir les meilleurs tarifs : en France, les échanges et remboursements se font sans frais jusqu’à une semaine avant le départ pour les billets SNCF (19 € de retenue par trajet ensuite). D’autres transporteurs appliquent une retenue de 10% ou 20% pour les voyages à l’étranger. Les billets Eurostar Standard pour le Royaume-Uni, la Belgique, l’Allemagne ou les Pays-Bas (anciennement Thalys) peuvent être échangés sans frais jusqu’à 7 jours avant le départ. Seule la différence tarifaire est à payer. Pour l’Allemagne, les tarifs Sparpreis de la Deutsche Bahn permettent un remboursement (en bons d’achat) jusqu’à la veille du départ moyennant une retenue de 10 €.

Le train de nuit permet d’économiser une nuit d’hôtel si on a rendez-vous assez tôt le matin. Les destinations sont encore rares mais depuis Paris, on peut rejoindre Nice, Toulouse, Vienne ou Berlin en train de nuit (pour ne citer que les grandes villes)

Il est parfois possible de trouver des tarifs très intéressants si on s’y prend à l’avance. Deux exemples, pour une réservation un mois à l’avance (le 10 décembre 2023) :

Paris-Londres : à partir de 103 € pour un aller-retour dans la journée du 10 janvier sur le site Eurostar contre 76 € pour le billet le moins cher en avion (compagnie low cost).

Paris-Vienne : à partir de 69 € pour un aller simple de jour (10 heures et 2 changements tout de même !) le 10 janvier sur le site thetrainline.com contre plus de 120 € pour le vol direct le moins cher. En train de nuit, on trouve des billets à 127,50 € en cabine couchettes de 4 personnes pour un départ le 23 janvier (départ 19h12, arrivée le lendemain à 10h13) mais le prix peut descendre jusqu’à 79,90 € si on s’y prend tôt.

Le temps

Le train n’ira jamais aussi vite que l’avion, c’est sûr. On nous répète souvent que quand on prend l’avion, il faut aussi intégrer le temps pour aller à l’aéroport, passer les contrôles, embarquer, débarquer, quitter l’aéroport, etc. On oublie parfois de préciser que c’est aussi du temps pendant lequel on ne peut pas faire grand-chose et à moins de voyager en classe affaires, il est difficile de sortir son ordinateur portable pour travailler.

En train, on peut s’installer à sa place dès l’embarquement et commencer à travailler. Le Wi-Fi est maintenant répandu dans pratiquement tous les trains à grande vitesse en France et à l’étranger et on peut même parfois suivre sa réunion Teams ou Zoom quand la couverture est bonne (à condition de ne pas avoir trop de choses à dire pour ne pas déranger ses voisins). Dans tous les cas, une prise de courant permet de recharger ordinateur ou téléphone à sa place en première comme en seconde classe. Le voyage en train peut aussi être l’occasion de travailler hors ligne pour avancer sur certains dossiers sans être dérangé par des messages ou des appels téléphoniques. Et pour réfléchir ou trouver une bonne idée, un petit coup d’œil par la fenêtre peut parfois aider !

Conseils

Le site direkt.bahn.guru permet d’indiquer sur une carte toutes les destinations accessibles sans correspondance et les meilleurs temps de parcours depuis une gare de départ. Mais on peut aller plus loin en changeant de train. Attention toutefois à laisser suffisamment de marge pour les correspondances surtout pour les trains internationaux qui ont plus de chance d’avoir du retard.

Les agences de voyage des entreprises ou les sites nationaux affichent souvent des prix prohibitifs dès qu’il y a des correspondances car ils n’accèdent en général pas aux tarifs promotionnels et seuls les tarifs flexibles (entièrement échangeables et remboursables) sont présentés. Pour réserver, le site thetrainline.com permet de comparer les trajets et les prix et d’acheter son billet directement moyennant une commission de quelques euros pour les trajets internationaux. Il offre l’avantage de combiner les meilleures offres des différents opérateurs et prend en compte les cartes de réduction.

En Allemagne, les trains ont très souvent du retard à cause de travaux sur les voies ou d’autres causes : pour les grandes lignes (ICE, IC, EC), près d’un train sur deux arrive avec plus de 6 minutes de retard et un sur quatre avec plus de 16 minutes de retard ! La fréquence des trains permet de continuer son trajet sans trop de problème mais il ne faut pas rater le dernier train pour la France quand on revient.

En Espagne, il faut prévoir d’arriver en avance à la gare et prendre un peu de marge pour les correspondances car il y a des contrôles de sécurité pour les bagages avant d’embarquer.

Le voyages en train sont longs et il vaut mieux prévoir de l’eau pour bien s’hydrater. De plus en plus de gares sont équipées de fontaines pour refaire le plein lors des correspondances. La plupart des trains ont une voiture restaurant ou une voiture bar pour les repas mais elles peuvent être fermées ou avoir des choix très limités. Il est donc toujours mieux de prévoir d’avoir quelque chose à grignoter dans son sac au cas où.