Hôtel d’altitude en Autriche

L’Autriche en train, ce n’est pas la porte à côté même si depuis 2021, le train de nuit Paris-Salzbourg-Vienne a raccourci le voyage. Les Alpes françaises ne sont pas moins belles alors pourquoi aller si loin ? Tout d’abord parce que les montagnes en Autriche en été, ce ne sont pas des stations de ski sans la neige qu’on essaie tant bien que mal de recycler pour les estivants le temps de quelques semaines. Les villages proprets avec leurs chalets en bois aux balcons richement fleuris, les fermes et les prairies impeccablement entretenues témoignent d’une vitalité et d’un effort d’esthétisme maintenu tout au long de l’année. Ensuite, parce que même les endroits les plus reculés sont accessibles en train et en bus et qu’on peut très bien y passer des vacances sans voiture. Enfin, parce que tout a été pensé pour passer un séjour facile et reposant, surtout avec des enfants : des chemins de randonnées parfaitement indiqués et entretenus aux piscines de plein air, en passant par les aires de jeux, les spots d’escalade et les activités de découverte, tout le monde y trouve son compte à des prix plutôt raisonnables.

Dans ce post, nous vous présentons la Rudofshütte, un hôtel niché à 2300 mètres d’altitude et accessible uniquement en téléphérique. Il est possible de s’y rendre en train et bus depuis la France en passant par Zell am See. On vous dit tout de suite comment !

Itinéraire

Rejoindre l’Autiche depuis la France était difficilement possible sans passer une nuit en Allemagne avant l’arrivée du train de nuit Paris-Vienne. Celui-ci a le bon goût de s’arrêter à Salzbourg, aux portes des Alpes autrichiennes.

Paris – Salzbourg :

3 fois par semaine, un train Nightjet des chemins de fer autrichiens ÖBB part 19h de la Gare de l’Est à destination de Vienne et arrive le lendemain matin vers 7h30 à Salzbourg. En attendant les nouvelles voitures qui commencent à être déployées sur certaines lignes, différents niveaux de confort sont possibles sur le Paris-Vienne : des places assises (à partir de 30 €) aux voitures-lit tout confort : cabines de 1, 2 ou 3 personnes, la version « plus » disposant de douches, toilettes et lavabo dans la cabine (à partir de 95 €) en passant par les plus classiques cabines couchettes de 4 ou 6 personnes (à partir de 60 €). Si on veut bénéficier de tarifs promotionnels, il faut s’y prendre tôt. Les tarifs standards sont assez chers (compter autour de 110 € en cabine de 6). Au retour le train quitte Salzbourg à 22h30 pour une arrivée à Paris le lendemain vers 9h40. Un petit déjeuner est servi en cabine pour les passagers en couchette ou en voiture-lit.

Salzbourg – Zell am See :

Depuis Salzburg, on gagne Zell am See en 1h45 par train régional. Les voies ferrées suivent les vallées dans la région du Salzburger Land (pays de Salzbourg) et les paysages de montagnes, de rivières et de cascades ne manquent pas où qu’on tourne la tête ! Les trains sont en général modernes, propres et confortables et font le plein de randonneurs et de cyclistes les week-ends.

Après avoir longer le lac de Zell, le train s’arrête à la gare du même nom. En sortant par l’est, on tombe directement sur la promenade piétonne où on peut pique-niquer au bord du lac en attendant le prochain train, à l’ouest, le centre ville avec ses magasins et ses restaurants, de quoi faire ses derniers achats avant de gagner la montagne, car en haut, il n’y a plus rien ! Les trains sont assez chers en Autriche mais le billet « Einfach Raus » permet de voyager librement dans tous les trains régionaux du pays pendant une journée, à partir de 9h en semaine et toute la journée le week-end (36 € pour deux personnes, 40 € pour 3 personnes, 44 € pour 4 personnes, 48 € pour 5 personnes). Les enfants comptent comme des adultes (pas de réduction). Le billet peut s’acheter en gare ou sur le site ÖBB (ou l’application mobile).

Zell am See – Enzingenboden :

Zell am See est un lieu de villégiature huppé, en été comme en hiver. Depuis une quinzaine d’années, c’est devenu un incontournable en Europe pour les touristes saoudiens qu’on croise en couple ou en famille. Avant la guerre en Ukraine, le train Nice-Moscou y faisait une halte. Il faut dire que le lieu a tout du cliché alpin : lac aux eaux cristallines entouré de collines verdoyantes, sommets enneigés accessibles en téléphérique, hôtels de luxe, golf, sports nautiques. Tout y est. Très populaire aussi, le petit train à voie métrique qui relie Zell am See à Krimml, très connu pour ses cascades. Ce train s’arrête à Uttendorf au bout de 45 minutes environ. De là, trois bus par jour remontent la vallée de Stubach (Stubachtal) pour atteindre Enzigenboden au bout d’une route étroite qui serpente dans les forêts de conifères. A 1500 mètres d’altitude, le bus s’arrête devant la station du téléphérique. Comme dans beaucoup de régions touristiques d’Autriche, l’hébergement en hôtel donne droit à une carte de gratuité pour les transports locaux et de réduction pour certaines visites ou activités tout au long du séjour. Le trajet entre Zell am See et Enzingenboden est donc inclus dans le prix de l’hébergement à l’aller comme au retour. Le prix du téléphérique n’est en revanche pas inclus mais on bénéficie d’une réduction d’environ 20%.

Hébergement

Les petites cabines de 6 places s’élèvent rapidement jusqu’à la station intermédiaire de Grünsee, du nom du lac éponyme aux eaux vertes qu’on voit sur la droite. Les conifères laissent petit à petit la place à une végétation plus rase de baies et de buissons, qui finissent eux aussi par disparaître au profit de paysages beaucoup plus minéraux clairsemés de quelques étendues d’herbe fraîche. La Rudolfshütte était un petit refuge de montagne au début du XXe siècle. Il a été racheté dans les années 1990 par un hôtelier de Zell am See qui en a fait un hôtel avec toutes les commodités qu’on peut attendre d’un trois étoiles : restaurant, bar, piscine et… mur d’escalade ! L’hôtel peut accueillir jusqu’à 400 personnes et on imagine la logistique et le personnel nécessaires pour faire fonctionner ce petit complexe, sachant que le téléphérique est la seule voie d’accès possible. La Rudolfshütte, c’est un peu la montagne accessible à tout le monde, sportifs expérimentés comme enfants en bas âge et même personnes à mobilité réduite, chacun y a sa place et peut profiter de la montagne à son rythme. Pour autant, on ne s’y bouscule pas et la montagne est bien assez grande pour qu’on s’y sente coupé du monde, bien loin des routes, des parkings et des magasins.

Les chambres sont simples mais spacieuses et confortables. Pour les familles, des chambres de 4 (un lit double et un lit superposé) ou de 6 (un lit double et deux lits superposés) sont proposées. Les buffets sont variés, au petit déjeuner comme au dîner. Pour le dîner, on a droit à un buffet de salade, de la soupe, trois plats (dont un végétarien) et un dessert. Le tout à volonté ! Le midi, un restaurant self propose des plats simples (saucisses, burgers, frites,…) et pour les randonnées à la journée, on peut opter pour le « Lunch Paket » à 6,50 € : un jus de fruit, une pomme, une barre de céréales et deux morceaux de papier aluminium pour se faire soi-même ses sandwiches à partir du buffet du peit déjuener. Les tarifs sont par personne (et non par chambre). En été, il faut compter 90 € par adulte en demi-pension, 64 € pour les jeunes (de 12 ans à moins de 18 ans). Les enfants de moins de 12 ans ne paient rien, dans la limite de deux enfants par famille mais ont quand même droit à tout, y compris des plats qui leur sont destinés au buffet du dîner !

À voir / à faire sur place

La Rudolfshütte est le point de départ rêvé pour les amateurs de haute montagne. Deux sommets sont faisables à la journée sans équipement particulier (si ce n’est de bonnes chaussures de randonnée) : Le Medelzkopf (2760 m) surplombe les lacs et offre une vue panoramique impressionnante sur les glaciers et les autres sommets. On peut s’épargner la première partie de l’ascension en prenant le télésiège du même nom mais la partie la plus difficile, où il faut parfois s’aider de ses mains, pour passer quelques rochers se trouve après. Les enfants adorent, les personnes plus âgées un peu moins… Sur le chemin, on passe le col du Kaiser (Kaiser Törl) qui délimite la frontière avec le Tirol et offre une vue magnifique sur la vallée de Kals, de l’autre côté. Le Hochfürlegg culmine à 2943 mètres et le chemin est un peu plus difficile mais la vue au sommet mérite l’effort : au-delà du glacier sous nos pieds, une chaîne de sommets enneigés s’étend à perte de vue. En tournant la tête, on devine le lac de Zell au loin. Le chemin longe un torrent et les lacs d’altitude qui l’alimentent. Les plus courageux en profitent pour se baigner !

Si on est lassé des paysages minéraux, on peut aussi choisir de descendre pour des randonnées plus vertes et laisser l’ascension pour la fin… Pas toujours facile à faire accepter à des enfants mais ces randonnées « à l’envers » sont tout aussi belles et pour l’une d’entre elles, il y a toujours moyen de prendre le téléphérique depuis la station intermédiaire de Grünsee pour remonter.

En dehors des randonnées, on peut aussi profiter de la piscine ou du mur d’escalade dans l’hôtel ou bien encore rejoindre l’une des deux via ferrata à une heure de marche. Pour les alpinistes plus expérimentés, d’autres sommets sont accessibles mais ils nécessitent de traverser des glaciers. Des tours avec guides sont proposés depuis l’hôtel. Enfin, au-dessus de la station d’arrivée du téléphérique une exposition sur deux étages nous montre comment est géré le parc national Hohe Tauern (où nous nous trouvons) ainsi que les effets du réchauffement climatique sur les glaciers et ses causes et la production d’électricité des centrales hydro-électriques situées en aval des lacs. On y apprend que ces centrales appartiennent aux chemins de fer autrichiens ÖBB et qu’elles produisent 20% de l’électricité nécessaire au fonctionnement des trains dans toute l’Autriche, les 80% étant également issus de sources renouvelables (solaire, éolien, hydraulique). Un coin de l’exposition montre comment d’énormes galeries sont creusées dans la montagne sous nos pieds pour augmenter la production d’énergie, notamment en créant une centrale enterrée permettant de pomper l’eau vers les lacs les plus hauts quand l’énergie est en excès sur le réseau.

Conseils pratiques

Si on n’aime pas le train de nuit, on peut prévoir une nuit à Munich et en profiter pour visiter la ville qui ne manque pas d’attrait. Attention toutefois à ne pas arriver trop tard à Zell am See le lendemain. Il faut veiller à y arriver vers 14h au plus tard pour pouvoir prendre le dernier bus et rejoindre le téléphérique avant 17h. Munich est desservie directement en TGV depuis Paris en 6 heures environ à des tarifs intéressants pour les familles. Ne pas hésiter à comparer les prix de la SNCF et de la Deutsche Bahn qui peuvent différer même s’il s’agit du même train. Le site The Train Line permet de comparer en un coup d’œil.

Comme dans beaucoup de zones touristiques en Autriche, l’hébergement en hôtel donne droit à une carte d’hôte (Gästekarte) qui permet de voyager gratuitement avec les moyens de transport locaux et offre des réductions sur certaines activités. À demander avant le départ pour pouvoir voyager gratuitement sur le dernier tronçon (Zell am See – Enzingerboden).

En sortant sur la place principale devant la gare de Salzbourg, une fontaine permet de faire le plein des gourdes et bouteilles. Un centre commercial se trouve juste à côté avec un supermarché bien fourni pour se ravitailler avant la montagne. Une fois arrivé à la Rudolfshütte, plus moyen d’acheter quoi que ce soit…